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Traitements possibles
Traitements médicaux | |
Médicaments de soulagement : anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), anti-inflammatoires non stéroïdiens inhibiteurs sélectifs de la Cox-2 (coxibs), corticostéroïdes, acétaminophène, dérivés morphiniques. | |
Traitements non conventionnels de soulagement | |
| Cayenne. |
| Huiles de poisson, griffe du diable, Phytodolor®. |
| Huile de bourrache, huile d’onagre, tai-chi, végétarisme précédé d’un jeûne. |
| Acupuncture, Tripterygium wilfordii, homéopathie. |
| Alimentation, apithérapie, aromathérapie, hypnothérapie, réflexologie, thérapies manuelles (chiropratique, massothérapie, ostéopathie). |
| Cassis. |
| Boswellie, curcuma, gingembre, pharmacopée chinoise, réglisse. |
Voir la signification des symboles et les critères de classification utilisés
Description médicale
La polyarthrite rhumatoïde est l’une des cent formes de rhumatismes inflammatoires chroniques regroupées sous l’appellation « arthrite ». Elle touche de 0,5 % à 1 % de la population occidentale, et deux fois plus souvent les femmes que les hommes. Bien que la polyarthrite rhumatoïde puisse apparaître à n'importe quel âge, les premiers symptômes surviennent en général entre 40 ans et 60 ans.
Pour la majorité des gens, la polyarthrite affecte d'abord les mains, les poignets et les petites articulations des pieds. Avec le temps, les épaules, les coudes, la nuque, les mâchoires, les hanches, les genoux et les chevilles peuvent subir le même sort. L’inflammation généralisée, lorsqu’elle n’est pas contrôlée par un traitement adéquat, affecte très souvent le système immunitaire, causant notamment de la fatigue et de l’anémie.
Une articulation atteinte par l’inflammation subit plusieurs changements. Cela débute par une inflammation chronique de la membrane synoviale, cette fine pellicule qui entoure les articulations (voir le schéma ci-dessus). Cette membrane s’épaissit, puis laisse entrer du liquide et certains éléments du sang dans l’articulation, ce qui explique l’enflure. Ensuite, l’inflammation endommage d’autres structures articulaires - le cartilage, la capsule, les tendons, les ligaments, les muscles et l'os -, causant des érosions de l’os et rendant l’articulation moins fonctionnelle, ou carrément non fonctionnelle.
Les causes de cette maladie ne sont pas encore connues. La polyarthrite rhumatoïde est considérée comme une maladie auto-immune, car des cellules du système immunitaire s'attaquent aux articulations, notamment en produisant des anticorps. Dans le cas de la polyarthrite, il est même question « d’auto-anticorps », car ceux-ci ne combattent pas des substances étrangères au corps (par exemple, un virus), mais plutôt le corps lui-même (ici, les articulations).
L'hypothèse la plus probable est qu'un ensemble de facteurs environnementaux, en particulier le tabagisme, génétiques et biologiques (comme une infection, des variations hormonales ou un épuisement du système immunitaire) soient en cause.
Dans la majorité des cas, la maladie s’installe insidieusement, de manière très graduelle, sur plusieurs semaines ou plusieurs mois. Cependant, il peut arriver que les symptômes surviennent soudainement ou encore qu’ils s’installent sous forme de « poussées » (de quelques jours ou quelques semaines) intercalées de périodes de rémissions plus ou moins longues, allant de quelques semaines à quelques années.
Chez environ le quart des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde depuis moins de trois mois, la maladie se résorbe d’elle-même, de façon définitive ou, du moins, pour une période très prolongée. On ne comprend pas toujours la raison de cette rémission. Parfois, une infection virale ou des médicaments peuvent provoquer une seule ou quelques poussées d’arthrite sans plus.
Dès le début de la maladie, la présence de certains auto-anticorps dans le sang (tel le facteur rhumatoïde) indique généralement que la maladie s’est installée de façon chronique.
Lorsqu’elle n’est pas traitée adéquatement, la maladie peut entraîner une perte de la dextérité. De simples gestes, comme tourner une poignée de porte ou tenir un crayon, deviennent alors laborieux. Chez certaines personnes, la maladie devient si grave qu’elle les oblige à se déplacer en fauteuil roulant.
Heureusement, des traitements appropriés, adoptés dès les premiers stades de la maladie, permettent d’éviter l’invalidité. Aussi, en adoptant un mode de vie qui leur permet d’atténuer les douleurs, plusieurs personnes parviennent à avoir une bonne qualité de vie. À ce sujet, voyez notre fiche Arthrite.
Lorsqu’elle est mal contrôlée, l’arthrite peut contribuer à abréger l’espérance de vie de cinq à dix ans. En effet, un état d’inflammation chronique augmente le risque de troubles cardiovasculaires.
Des difformités aux articulations apparaissent souvent avec le temps. Par exemple, on dit des doigts qu’ils se déforment en « col de cygne » et les orteils, « en marteau ».
Symptômes
- Une enflure à une ou plusieurs articulations.
- Une raideur aux articulations le matin, qui persiste durant au moins une heure. Cette raideur survient aussi à d’autres moments de la journée, après une période d’inactivité prolongée.
- Une douleur (ou une sensibilité) récurrente ou constante aux articulations atteintes.
- De la difficulté à utiliser ou à mouvoir normalement les articulations.
- Une chaleur et une rougeur à une ou plusieurs articulations.
- Une fatigue, de la raideur et un endolorissement généralisés.
- Une légère fièvre et des sueurs en période de crise.
- De petites bosses dures (non douloureuses) peuvent se former sous la peau des genoux et des coudes.
- Un sommeil perturbé.
- Une perte de poids et d'appétit.
- Une sécheresse des yeux et de la bouche (un syndrome de Gougerot-Sjögren).
- Une dépression, causée par la douleur, la chronicité de la maladie et tous les changements de vie qu’elle impose.
Remarque
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Personnes à risque
- Les femmes. Elles sont deux fois plus affectées que les hommes.
- Les personnes dont un membre de leur famille souffre de polyarthrite rhumatoïde.
- Les personnes portant le gène HLA-DR4. Des particularités de ce gène ont été associées à une prédisposition à la polyarthrite rhumatoïde. Certains autres gènes pourraient aussi y prédisposer. Par ailleurs, d’autres gènes pourraient agir à titre de protecteurs. Des recherches sont en cours afin de les identifier.
Facteurs de risque
- Fumer beaucoup durant plusieurs années augmenterait les risques de souffrir un jour de polyarthrite rhumatoïde, avec des symptômes plus graves que la moyenne. Voir notre fiche Tabagisme.
- L'obésité augmenterait légèrement le risque. De plus, une fois la maladie installée, l’obésité a tendance à l’aggraver.
Prévention
Peut-on prévenir? |
Il n'existe aucun moyen officiellement reconnu de prévenir l’apparition de la polyarthrite rhumatoïde.
Ne pas fumer et ne pas s’exposer à la fumée secondaire constitue, pour le moment, la meilleure prévention démontrée.
Certains chercheurs croient qu'une diète équilibrée en acides gras essentiels (oméga-3 et oméga-6) pourrait jouer un rôle préventif1. L'effet préventif a été démontré chez des souris dont la génétique les prédisposait aux maladies rhumatismales. Voir la section Traitements non conventionnels pour plus de renseignements sur le rôle des acides gras dans la polyarthrite rhumatoïde.
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Mesures pour prévenir ou atténuer la douleur articulaire |
Voir la fiche Arthrite pour prendre connaissance des conseils qui, à titre préventif, aident à atténuer la douleur. Par exemple, on doit viser un bon équilibre entre repos et activité physique, et on peut appliquer en cas de crise de la chaleur ou du froid sur les articulations.
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Traitements médicaux
De nombreux progrès ont été réalisés au cours des 25 dernières années pour le soulagement et le contrôle de la polyarthrite rhumatoïde. Les recherches ont démontré qu’un traitement précoce avec des médicaments antirhumatismaux au cours des trois à six premiers mois de la maladie augmente les chances de rémission prolongée. Par conséquent, ces médicaments constituent un élément capital du traitement.
Les objectifs du traitement sont les suivants :
- soulager les symptômes;
- tenter d’induire et de maintenir une rémission de la maladie (voir l’encadré ci-dessous);
- restaurer ou maintenir le bon fonctionnement des articulations;
- prévenir l’invalidité et les dommages de la maladie ailleurs sur le corps.
Qu’entend-on par « rémission »? - L’absence de symptômes d’inflammation, comme la raideur matinale et les douleurs.
Le Dr Gilles Boire, rhumatologue, affirme qu’une personne en rémission ne devrait plus avoir besoin de médicaments de soulagement. « Cependant, ajoute-t-il, le maintien de la rémission exige habituellement un traitement aux médicaments antirhumatismaux. » |
Médicaments de soulagement
Les médicaments anti-inflammatoires réduisent la douleur et la raideur aux articulations. Ils ne freinent pas l’évolution de la maladie et ne préviennent pas la survenue d’éventuelles déformations articulaires. Ils sont surtout utilisés en début de maladie, et ensuite de façon intermittente.
- Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) classiques. L'ibuprofène (par exemple, Advil® et Motrin®), le naproxène (par exemple, Anaprox® et Naxen®) et les autres anti-inflammatoires sont utiles pour soulager les symptômes. L’aspirine (acide acétylsalicylique) est peu employée parce qu’elle est moins bien tolérée par le système digestif.
Effets indésirables. Le recours à des anti-inflammatoires non stéroïdiens classiques, sur une base régulière, peut être associé à des malaises gastro-intestinaux, comme des brûlures d’estomac, des ulcères ou des saignements digestifs parfois graves, de même qu’à d’autres effets indésirables comme de l’hypertension ou de l’insuffisance rénale. Ils sont donc utilisés pendant la plus courte période possible, au besoin seulement. - Anti-inflammatoires non stéroïdiens inhibiteurs sélectifs de la Cox-2 (ou coxibs). Une nouvelle génération d'anti-inflammatoires, les inhibiteurs sélectifs de la cyclooxygénase-2 (Cox-2), ont fait leur apparition sur le marché en 1999. Ils agissent en inhibant un enzyme, la Cox-2, impliqué dans le processus inflammatoire. Ils ont les mêmes effets que les anti-inflammatoires classiques, avec l’avantage d’être moins dommageable pour l’estomac. Le célécoxib (Celebrex®) en fait partie. Pour leur part, le rofecoxib (Vioxx®) et le valdécoxib (Bextra®) ont été retirés du marché. Voyez l’avis ci-dessous.
L’usage des coxibs est généralement réservé aux personnes dont le risque de complications gastro-intestinales est jugé élevé et dont le risque de maladies cardiovasculaires est faible.
Ces médicaments n’éliminent pas le risque de symptômes gastro-intestinaux et doivent être soumis à la même modération que les autres anti-inflammatoires.
Avis
À la suite du retrait du Vioxx® du marché mondial, en septembre 2004, Santé Canada et la Food and Drug Administration (FDA) ont entrepris d’examiner l’innocuité de tous les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) de la classe des coxibs.
Lors d’une étude interrompue prématurément, le Vioxx® a été associé à un risque accru d’infarctus et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). Ce risque augmente avec la dose et la durée de l’utilisation2.
Depuis le 16 décembre 2005, Santé Canada interdit aussi la vente de Bextra® au pays en raison du risque accru de problèmes cardiovasculaires et d’effets cutanés qu’il peut causer chez certaines personnes.
Après avoir étudié l’ensemble des données disponibles au 31 décembre 2005, Santé Canada maintient son avis de bannir du marché le Vioxx® et le Bextra®36. Le Celebrex® et d’autres coxibs demeurent sur le marché, avec l’ajout de mises en garde.
Santé Canada recommande aux personnes susceptibles d’utiliser un anti-inflammatoire de la classe des coxibs de parler avec leur médecin des risques et des avantages que cela comporte.
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- Corticostéroïdes. Selon l'Association médicale canadienne, les corticostéroïdes (cortisone, prednisone) sont les médicaments les plus efficaces pour diminuer l'inflammation et soulager les douleurs et les raideurs aux articulations. Mentionnons que leur action est rapide, mais éphémère. Ils peuvent aussi retarder l’évolution de la polyarthrite rhumatoïde. Ces médicaments sont pris sous forme de comprimés ou injectés directement dans les articulations. Le médecin propose toujours la plus faible dose efficace pour la plus courte durée possible afin de limiter les effets indésirables.
Effets indésirables. À long terme, les corticostéroïdes produisent des effets indésirables importants. Ceux-ci varient selon la dose prise. Par exemple, un risque accru d'ostéoporose, de fractures, d'hypertension artérielle et d’infections. - De l’acétaminophène ou des dérivés morphiniques sont parfois employés pour réduire la douleur lorsque celle-ci est forte.
Médicaments antirhumatismaux de fond
Les médicaments antirhumatismaux agissent directement sur la maladie : ils combattent les cellules immunitaires qui attaquent les articulations, ce qui leur confère la capacité de prévenir ou de retarder les dommages articulaires. Ces médicaments sont d'autant plus bénéfiques lorsqu'ils sont pris au début de la maladie. Leur effet peut prendre de quelques semaines à quelques mois à se produire. Ils peuvent être combinés sans problème aux AINS ou aux corticostéroïdes.
Dans cette catégorie de médicaments, le méthotrexate est le principal utilisé. On recommande aux personnes qui prennent ce médicament de consommer des suppléments d’acide folique, ce qui permet de réduire ses effets indésirables. Les autres antirhumatismaux employés sont l'hydroxychloroquine (Plaquenil®), la sulfasalazine (par exemple, Salazopyrin®), les sels d'or (Myochrysine®) et le léflunomide (Arava®). Certains immunosuppresseurs (azathioprine, cyclosporine) sont utilisés à l’occasion. Chacun de ces médicaments ont des effets indésirables spécifiques. Renseignez-vous auprès de votre médecin ou de votre pharmacien.
Modificateurs de la réponse biologique
Depuis quelques années, une nouvelle classe de médicaments est apparue sur le marché, connue sous le nom de modificateurs de la réponse biologique, ou biothérapies. Contrairement aux autres médicaments antirhumatismaux, qui combattent l’action du système immunitaire de façon non spécifique, ces nouvelles thérapies sont conçues pour cibler plus précisément les substances qu’on croit directement responsables de l’inflammation et de la destruction articulaire. Ils sont réservés aux personnes chez qui les médicaments antirhumatismaux sont insuffisants. Parmi les effets indésirables possibles de ces médicaments, on note une réduction des défenses immunitaires contre certaines infections.
Les premiers représentants de cette catégorie de médicaments sont les agents anti-TNF, soit l’infliximab (Remicade®), l’étanercept (Enbrel®) et l’adalimumab (Humira®). On trouve aussi dans cette catégorie des médicaments qui contrent l’effet de l’interleukine-1, une autre substance qui contribue à l’inflammation. Ils s’administrent tous par injection.
Lorsque les dommages articulaires empêchent de bien fonctionner au quotidien, des interventions chirurgicales peuvent être effectuées.
- Synovectomie. Elle consiste à retirer la membrane synoviale atteinte par l'arthrite. Cette intervention peut être pratiquée par chirurgie ou encore par l’injection dans l’articulation d’un produit radioactif. Dans ce dernier cas, l’excédent de membrane synoviale est détruit par le produit radioactif. Ces mesures sont temporaires. En effet, tôt ou tard, la membrane synoviale s’épaissit de nouveau et le processus inflammatoire reprend place.
- Remplacement de l'articulation. Il est possible de remplacer l'articulation atteinte par une articulation artificielle. La prothèse peut être faite de métal ou de plastique. Cette intervention redonne de la mobilité tout en réduisant la douleur. Elle peut aussi permettre de corriger une difformité. Ce type de chirurgie est parfois suggéré avant que les dégâts aux os et aux articulations ne deviennent trop importants.
Le physiothérapeute aide à trouver des exercices physiques adaptés à la condition physique des individus pour que le corps garde sa souplesse et sa force malgré la maladie. Quant à l’ergothérapeute, il propose des solutions concrètes aux personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde afin qu’elles puissent vaquer à leurs tâches quotidiennes sans trop de mal. À titre d’exemple, plusieurs outils ou objets permettent d’éviter la douleur aux poignets, et certaines postures permettent de réduire la douleur et la fatigue.
L’intervention d’un physiothérapeute, et dans certains cas d’un ergothérapeute, contribue à maintenir les capacités physiques, tant dans la vie personnelle que professionnelle.
Adopter de bonnes habitudes alimentaires est primordial afin de maintenir une bonne santé et d’éviter l'excès de poids, qui peut aggraver les symptômes. Un bon apport en antioxydants, que l’on trouve en bonne quantité dans les fruits et les légumes, est primordial. On observe qu’une alimentation riche en gras, en protéines et en charcuteries a tendance à engendrer plus de douleurs chez certaines personnes35. Cependant, d’après la Société d’arthrite du Canada, aucun aliment ne peut régler les symptômes d’arthrite.
Consulter le dossier Nutrition pour en savoir plus sur les principes de base d'une alimentation équilibrée.
L'opinion de notre médecin
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie chronique souvent invalidante lorsqu’elle n’est pas traitée adéquatement. Un diagnostic précoce suivi d’un traitement vigoureux avec des antirhumatismaux, et parfois des agents modificateurs de la réponse biologique, est la clé du succès.
Le soulagement des symptômes par des médicaments ainsi que, dans certains cas, des approches non conventionnelles, est aussi utile, surtout en début de traitement (avant que les antirhumatismaux contrôlent la maladie) et au moment des rechutes. Cependant, les thérapies non conventionnelles ne modifient absolument pas la progression de la maladie, c’est-à-dire qu’elles ne préviennent ni les dommages aux articulations, ni les incapacités qui s’ensuivent. En effet, aucune d’entre elles ne s’est révélée capable de contrôler adéquatement cette maladie, du moins jusqu’à présent.
Dr Gilles Boire et Dr Patrick Liang, rhumatologues |
Révision médicale (janvier 2007) : Dr Gilles Boire et Dr Patrick Liang, rhumatologues, Chaire Lucie et André Chagnon pour l'enseignement d'une approche intégrée en prévention, Université de Sherbrooke. |
Traitements non conventionnels
Important. Les traitements non conventionnels contre la polyarthrite rhumatoïde permettent, dans certains cas, d'améliorer le confort en diminuant les symptômes, mais ne ralentissent pas et ne préviennent pas la progression de la maladie. Voir l'avis de notre pharmacien dans le texte L'usage des produits naturels dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde (dans Documents associés).
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En naturopathie, l'alimentation est bien souvent la première voie explorée pour soulager la polyarthrite rhumatoïde4. L'objectif est de diminuer les symptômes de la maladie en consommant des aliments qui n'exacerbent pas les processus inflammatoires et sollicitent le moins possible les réactions allergiques.
Le régime méditerranéen5, la diète hypoallergénique6,7 (exempte de lait, de tomates, de blé, ou d'autres aliments allergènes) et la diète végétarienne riche en probiotiques8 (Lactobacillus acidophilus) ont fait l’objet d’études. Des résultats bénéfiques, quoique plutôt variables d’une personne à l’autre, ont été notés. L'approche nutritionnelle qui a fait l'objet du plus grand nombre d'essais cliniques est le jeûne suivi de la diète végétarienne.
Végétarisme précédé d’un jeûne. Plusieurs études ont porté sur l'impact d'une courte période de jeûne suivi du végétarisme. Une méta-analyse parue en 2001 a recensé 31 études cliniques9. À long terme, les auteurs estiment qu'il s'agit d'un traitement complémentaire intéressant. Les auteurs de cette méta-analyse ne fondent leurs conclusions que sur quatre de ces 31 études, soit celles ayant été jugées de bonne qualité. Dans le cadre d'une de ces études, des chercheurs scandinaves ont testé l'effet d'un jeûne complet de sept à dix jours, suivi d'une diète végétarienne sans gluten durant trois mois et demi, puis d'une diète lacto-végétarienne durant neuf mois, sur un groupe de 27 patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde10. Le groupe contrôle, composé de 26 patients, suivait une diète habituelle, de type omnivore. Un an après le début de l'étude, les sujets étaient examinés. Ceux du groupe traité voyaient leurs symptômes davantage améliorés que ceux du groupe contrôle. Toutefois, certains participants n'ont retiré aucun bénéfice du végétarisme précédé d’un jeûne.
Huiles de poisson. Les auteurs d'une synthèse publiée en 2003 ont recensé au moins 13 essais cliniques menés auprès de 567 sujets. Les résultats indiquent que les huiles de poisson, une source importante d’oméga-3, peuvent soulager certains des symptômes de l'arthrite rhumatoïde, notamment les raideurs matinales11. Elles permettraient aussi de réduire le dosage des médicaments anti-inflammatoires. Le soulagement apporté par les huiles de poisson peut prendre de deux à trois mois avant de se manifester. On ignore encore si les huiles de poisson peuvent influer sur le cours de la maladie.
Dosage
Prendre chaque jour de 3 g à 4 g d'AEP/ADH sous forme d'huiles de poisson. L'effet bénéfique peut prendre jusqu'à trois mois avant de se manifester.
Huile de bourrache (Borago officinalis) et huile d'onagre (Oenothera biennis). En raison de leur teneur en acide gamma-linolénique ou AGL (une forme d'acide gras oméga-6 qui n'entre pas en compétition avec le métabolisme des oméga-3), on reconnaît à l'huile de bourrache et à l'huile d'onagre une certaine utilité pour traiter la polyarthrite rhumatoïde, bien qu’encore peu d'études se soient penchées sur la question12-16. Pour l’instant, l'ensemble de la preuve pointe vers un effet positif de l'AGL sur cette maladie12. Voir les fiches Huile de bourrache et Huile d’onagre pour plus de détails.
Dosage
Prendre chaque jour une dose d'huile de bourrache fournissant de 1,4 g à 2,8 g d'acide gamma-linolénique (AGL) ou de 5 g à 6 g d'huile d'onagre par jour.
Note. Il n’existe aucune preuve à l’effet que la glucosamine possède une quelconque efficacité contre la polyarthrite rhumatoïde. Ce produit peut contribuer à soulager les douleurs causées par l’arthrose.
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Cayenne (Capsicum frutescens). La Food and Drug Administration des États-Unis a approuvé l'usage de crèmes, lotions et onguents à base de capsicine, le composé actif du cayenne, pour soulager légèrement la douleur causée par la polyarthrite rhumatoïde, l'arthrose et la neuropathie.
Dosage
Appliquer sur les parties atteintes, jusqu'à quatre fois par jour, une crème, une lotion ou un onguent renfermant de 0,025 % à 0,075 % de capsicine. Il faut souvent compter deux ou trois jours de traitement avant que l'effet thérapeutique se fasse pleinement sentir.
Griffe du diable (Harpagophytum procumbens). La racine de griffe du diable a démontré une capacité à réduire l'inflammation. Depuis 1989, son usage est reconnu par la Commission E pour traiter les troubles musculosquelettiques dégénératifs. Les résultats de plusieurs essais cliniques, avec ou sans groupe placebo, indiquent que la racine de griffe du diable peut améliorer la mobilité et soulager sensiblement la douleur17,18.
Dosage
Prendre un ou deux comprimés (ou capsules) de 500 mg, trois fois par jour, soit 1,5 g à 3 g par jour. Les dosages peuvent varier suivant le type d'extrait. Suivre les indications du fabricant.
Phytodolor®. Ce produit phytothérapeutique normalisé, commercialisé en Europe sous forme de teinture à prendre par voie interne, se compose de peuplier faux-tremble (Populus tremula), de frêne européen (Fraxinus excelsior) et de verge d'or (Solidago virgaurea) avec un rapport de 3:1:1. Ce produit serait plus efficace qu’un placebo pour réduire l'inflammation et la douleur. Dix études randomisées ont été réalisées, dont six avec placebo, incluant un échantillon total de 1 135 personnes souffrant de différentes formes d'arthrite (surtout d'arthrose ou de polyarthrite rhumatoïde)19. Une méta-analyse conclut que Phytodolor® a une efficacité comparable à un traitement classique aux anti-inflammatoires non stéroïdiens pour soulager les douleurs19. Cependant, d’autres auteurs précisent que l’efficacité de ce produit est comparable à celle de faibles doses d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, et que jusqu’à présent, ses effets indésirables ne sont pas bien connus20.
Cassis (Ribes nigrum). L'ESCOP reconnaît l'usage médicinal des feuilles de cassis (psn) comme traitement adjuvant des troubles rhumatismaux. Ce regroupement d'associations nationales de phytothérapie provenant d'Europe, d'Australie, d'Inde et des États-Unis a recensé un nombre assez grand d'études in vivo faisant état des propriétés anti-inflammatoires des feuilles pour reconnaître officiellement cet usage qui avait déjà été établi par la tradition.
Dosage
Infuser de 5 g à 12 g de feuilles séchées dans 250 ml d'eau bouillante durant 15 minutes. Prendre deux tasses par jour de cette infusion, ou prendre 5 ml d'extrait fluide (1:1), deux fois par jour, avant les repas.
Tripterygium wilfordii. Les racines de cette plante, aussi appelée Thunder God Vine, sont utilisées en médecine chinoise depuis plus de 400 ans pour soulager les douleurs de l'arthrite. Quelques études laissent supposer que des extraits de ces racines (pris par voie orale) aideraient à diminuer la douleur et les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde, grâce à ses propriétés anti-inflammatoires21-24. Les preuves scientifiques sont toutefois encore peu nombreuses; et les résultats, variables.
La boswellie (Boswellia serrata), le curcuma (Curcuma longa), le gingembre (Zinziber officinalis) et la réglisse (Glycyrrhiza glabra) ont été utilisés traditionnellement par les personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde pour soulager les symptômes.
Pharmacopée chinoise. Plusieurs plantes sont utilisées en Médecine traditionnelle chinoise pour calmer les douleurs rhumatismales. Consulter un spécialiste en médecine chinoise pour des conseils personnalisés. Voici quelques exemples de préparations employées :
- Die Da Zhi Tong Gao, pansements analgésiques pour les contusions;
- Du Huo Ji Sheng Wan, pilules d’angélique et de gui;
- Porus Capsicum Plaster, emplâtre poreux au piment;
- Salonpass, timbre externe pour le soulagement de la douleur;
- Xue Lian Feng Shi Ling, panacée de saussurée contre le vent froid et l’humidité;
- Yi Yi Ren Wan, pilule de coix.
Tai-chi. Selon les auteurs d’une revue systématique publiée en 2004, basée sur quatre études contrôlées randomisées incluant 206 participants34, la pratique du tai-chi peut apporter une amélioration de l’amplitude de mouvement des membres inférieurs, particulièrement aux chevilles. Ils soulignent également que le tai-chi n’aggrave pas les symptômes de l’arthrite rhumatoïde, ce qui peut survenir durant la pratique d’exercices plus intenses. Par contre, le tai-chi n’a eu aucun impact cliniquement significatif sur l’aisance dans les activités quotidiennes, la douleur et le gonflement des articulations, ou l’amélioration globale évaluée par le patient.
Acupuncture. La majorité des essais portant sur les troubles d'inflammations rhumatismales (arthrite rhumatoïde, spondylite ankylosante, lupus, sclérodermie, etc.)25-28 sont des études de faible qualité méthodologique. Par conséquent, leurs résultats ne permettent pas de tirer de conclusion claire quant à l’efficacité de l’acupuncture. Néanmoins, elle est utilisée et recommandée par plusieurs spécialistes pour soulager les douleurs en raison des résultats intéressants obtenus en clinique29.
Homéopathie. Publiée en 2000, une revue systématique a relevé trois essais cliniques portant sur un total de 266 patients30. Bien que ces essais aient rapporté certains effets bénéfiques de l’homéopathie, les auteurs ont mentionné qu’aucune conclusion définitive ne pouvait être formulée, en soulignant le peu d’études publiées à ce sujet. Plus récemment, un essai clinique randomisé31 a porté sur 112 sujets souffrant d’arthrite rhumatoïde et prenant des anti-inflammatoires non stéroïdiens ou des médicaments antirhumatismaux. Les chercheurs ont comparé les effets de l’ajout d’un traitement homéopathique et d’un placebo sur deux périodes de trois mois en chassé-croisé. Les traitements homéopathiques ont induit des réductions de la douleur moindres que le placebo. Des études supplémentaires seront nécessaires afin de clarifier ces résultats contradictoires.
Approches à considérer
Alimentation. Voir les recommandations alimentaires proposées par Hélène Baribeau, nutritionniste, dans notre fiche Diète sur mesure Arthrite rhumatoïde.
Apithérapie. Quelques témoignages font état d’une diminution de la douleur et des troubles inflammatoires causés par la polyarthrite rhumatoïde en utilisant le venin d'abeille32,33, mais aucune étude clinique récente n'a été publiée à ce sujet. Voir notre fiche Apithérapie.
Aromathérapie, hypnothérapie, réflexologie, thérapies manuelles (chiropratique, massothérapie, ostéopathie). D'après l’une de nos sources, ces thérapies permettent un meilleur contrôle de la douleur chez certaines personnes et permettent de modifier de manière positive la perception de la douleur29. Ces affirmations se basent sur de nombreuses observations cliniques. Pour en savoir plus sur ces thérapies, voir les fiches du même nom dans la section Thérapies.
source:passeportsanté.net